Ressources numériques en sciences humaines et sociales OpenEdition Nos plateformes OpenEdition Books OpenEdition Journals Hypothèses Calenda Bibliothèques OpenEdition Freemium Suivez-nous

Stoïcisme et handicap: changer de regard sur le handicap

Enabled, not disabled. Ou comment faire de sa faiblesse physique une force mentale.

Le 7 novembre dernier, j’étais invité par Melchior Gormand dans l’émission de radio “Je pense donc j’agis” pour discuter du handicap visible et de l’importance d’éduquer le regard sur le handicap. Comme pour le podcast “Stoïcisme et christianisme“, je partage ici les notes que j’ai prises pour préparer cette intervention à la radio.

D’où je parle : philosophe, spécialiste de la philosophie antique et de la philosophie comme manière de vivre, de l’Antiquité à nos jours, je suis particulièrement intéressé par le stoïcisme et son intérêt pour répondre à des problématiques contemporaines, dont le handicap, la maladie, la vieillesse et, de manière générale les différentes questions existentielles que la vie nous pose à un moment ou à un autre de notre existence, en fonction des situations que l’on rencontre.

Voici les trois axes que je propose de développer ici en lien avec la question du handicap, après avoir rappelé l’importance du handicap social qui découle du regard de l’autre :

  • Accueillir le regard de l’autre : éviter le handicap social qui vient de l’extérieur
  • Changer de regard sur soi : éviter le handicap social qui vient de l’intérieur
  • Se nourrir du handicap : faire du handicap une force

Handicap physique et handicap social : la double peine

Quel impact le jugement de l’autre peut-il avoir sur nous ?

Dans l’Éloge de la faiblesse, un dialogue entre un philosophe suisse, handicapé de naissance, et Socrate, philosophe grec de l’Antiquité classique, Alexandre Jollien nous invite à se débarrasser de la notion de normal/anormal, qui est toute relative et particulièrement stigmatisante pour les personnes qui s’éloignent, par leur apparence physique, de la norme, c’est-à-dire de ce à quoi ressemblent la majorité des personnes dans un contexte donné.

Pourquoi éviter la notion de normal/anormal ? Parce que cette notion d’anormalité ajoute au handicap physique un deuxième handicap, un handicap social, qui vient précisément du regard que l’autre porte sur la personne handicapée. Alexandre Jollien est tout à fait conscient de cette double peine de la personne handicapée, en particulier lorsqu’il raconte comment il a appris à faire du vélo :

– Un matin, me rendant à l’école de commerce, plein d’envie, je regardais les cyclistes me dépasser. Je conçus bientôt un projet. Les potentialités immenses qu’offrait un tel engin m’intéressaient assurément.
– Ne m’as-tu pas dit que tu tenais à peine debout ?

– Le médecin me fit évidemment la même remarque et décréta le vélo “impossible“. J’informai, malgré tout, mon père de mon intention téméraire… puis après d’ultimes préparatifs, je programmai l’expédition.
Avec force jurons et après de longues heures d’entraînement risibles, j’étais enfin paré pour de nouvelles aventures. Au mépris du diagnostic médical je parvins à tenir sur deux roues.

(…)

– As-tu constaté que tu devais non seulement braver la difficulté, mais aussi les a priori que nous projetons sur la réalité ?
– D’où mon intérêt pour la philosophie. Je devais m’armer pour combattre toutes les étiquettes que, sans cesse, on nous collait. (Alexandre Jollien, Éloge de la faiblesse, p. 35-36)

Face à un problème, en l’occurrence, apprendre à faire du vélo, Alexandre Jollien rencontre un certain nombre de difficultés, qui sont de deux ordre tout à fait différents :

  1. Les difficultés viennent tout d’abord de son handicap physique, puisque la coordination des mouvements requise pour faire du vélo n’est pas parfaitement maîtrisée par Alexandre Jollien.
  2. Mais à ces difficultés liées directement au handicap physique s’ajoute une difficulté supplémentaire. En effet, les a priori du médecin, qui décrète que c’est tout à fait impossible pour Alexandre d’apprendre à faire du vélo, rendent plus difficile encore l’apprentissage. Le fait que les autres (ici le médecin) jugent Alexandre incapable de faire du vélo rend encore plus difficile cet apprentissage. Le regard de l’autre, son jugement, ajoute une difficulté supplémentaire. Au handicap physique s’ajoute un handicap social, dont la source est précisément le regard de l’autre.

Si le regard de l’autre est si important et peut engendrer un handicap aussi fort, parfois plus fort que le handicap physique lui-même, comment changer notre regard face au handicap ? Comment dépasser cette distinction normal/anormal qui engendre le handicap social ?

Pour Alexandre Jollien, une solution se trouve dans une relation authentique, sincère, qui est tout le contraire de la pitié, et qui consiste à considérer l’autre personne pour qui elle est, et non seulement pour ce qu’elle paraît être. Alexandre Jollien nous invite à accepter la différence, la diversité, en insistant, avec Socrate, sur la possibilité, dans la différence, de s’épanouir en tant qu’être humain. C’est la leçon de la philosophie antique et du stoïcisme en particulier : malgré nos différences, nous avons toutes et tous la possibilité, chacune/chacun à notre manière, avec les capacités qui sont les nôtres, de bien jouer notre rôle, de bien vivre, et de nous épanouir en tant qu’être humain. Et c’est pour cela que nous devrions être reconnues, toutes et tous, et non seulement pour notre handicap ou notre apparence.

« Curieusement, mes amis authentiques ne se trouvaient pas parmi les premiers de la classe, ni parmi les dociles, mais bien chez les derniers, les indisciplinés, ceux qui ricanent “tout derrière“, ceux qui savent se montrer cruels. Ceux-là mêmes manifestaient à mon endroit une tendresse, une innocence, un amour que je n’ai jamais trouvés ailleurs. Leur façon de m’aider, d’entrer en contact avec moi revêtait une forme de nudité. Ce n’était pas la pitié des petites vieilles qui me donnaient cent sous (ce qui du reste ne me déplaisait pas toujours), ni l’altruisme ostentatoire du fils à papa qui démontre sa bonne éducation, son savoir-vivre. L’amitié du cancre était maladroite, discrète, sincère. Il se confiait à moi et j’osais me livrer à lui.

Je me rappelle toujours cet esprit rebelle à qui j’adressai ma salutation habituelle : ”Sois sage.” Un jour, il me répondit : ”Et toi, marche droit !” Cela me procura un plaisir extrême. Il m’estimait pour moi-même et n’avait pas pris les pincettes que prennent ceux qui me sourient béatement quand, à la caisse, je paie mon paquet de spaghettis aux herbes. Il y a des sourires qui blessent, des compliments qui tuent. » (Éloge de la faiblesse, p. 45)

Celui qui a pitié de la personne handicapée l’enferme dans son statut de personne handicapée, alors qu’une amitié sincère le considérera pour lui-même, au-delà du handicap. De la pitié à un comportement authentique, sincère, tel est le changement que doit opérer le regard de l’autre, s’il veut considérer l’autre pour lui-même, à part entière, et non seulement pour son handicap ou sa différence.

Comment éviter ce handicap social ? Qu’est-ce que nous enseigne la philosophie ?

  • Appréhender différemment le regard de l’autre
  • Changer son propre regard sur le handicap

Accueillir le regard de l’autre

Que faire du jugement que les autres portent sur nous ? Comment réagir face aux critiques et face aux louanges ?

Distinguer ce qui dépend de moi et ce qui n’en dépend pas

Pour les stoïciens, les jugements que les autres portent sur moi sont une source constante de troubles. Or, ce jugement porté sur moi ne fait pas partie, selon les stoïciens, de ce qui dépend de moi, de ce qui est en mon pouvoir, de ce que je contrôle :

« Parmi les choses qui existent, les unes dépendent de nous, les autres ne dépendent pas de nous. Dépendent de nous : jugement de valeur, impulsion à agir, désir, aversion, en un mot tout ce qui est notre affaire à nous. Ne dépendent pas de nous, le corps, nos possessions, les opinions que les autres ont de nous, les magistratures, en un mot, tout ce qui n’est pas notre affaire à nous. » (Arrien, Manuel d’Épictète, 1,1)

Parmi les choses qui ne dépendent pas de moi : mon corps, les opinions des autres. Double intérêt pour la discussion que nous avons ici.

Ce que permet cette distinction, c’est de focaliser mon énergie sur ce qui dépend de moi, et rester serein vis-à-vis de ce qui ne dépend pas de moi. Je peux mettre toute mon énergie à vouloir changer le regard que l’autre porte sur moi, je ne serai jamais certain de réussir à changer ce regard. Pourquoi ? Parce que cela ne dépend pas totalement de moi, mais d’un autre que moi.

Ce qui compte, dès lors, pour le philosophe stoïcien, ce n’est pas le paraître, mais ce que je suis vraiment. Est-ce que je mène une vie bonne, harmonieuse, épanouie ? C’est de mon choix de vie dont il faut se soucier, et non du regard de l’autre sur moi :

« Si un jour il t’arrive de te tourner vers l’extérieur, en voulant plaire à quelqu’un, sache que tu as abandonné la règle de vie que tu as choisie. Contente-toi donc en toute circonstance d’être philosophe, mais si tu veux en outre le paraître, c’est à toi qu’il faut le paraître et cela suffit. » (Arrien, Manuel d’Épictète, 23)

« Un homme de bien n’agit jamais pour paraître, mais pour avoir bien agi. » (Épictète, Entretiens, III, 24, 50)

Le philosophe doit se concentrer sur ce qui dépend de lui, à savoir son propre jugement, ses désirs et ses actions, et il doit tâcher de bien vivre, et non chercher à plaire. Seule cette attitude lui permettra d’échapper aux troubles suscités par le jugement d’autrui, en se focalisant sur ce qui dépend entièrement de lui et non des autres.

Distinguer ce qui arrive et mon jugement sur ce qui arrive

Pour éviter d’être troublé par les jugements portés sur moi par les autres, Épictète rappelle dans son Manuel la distinction entre la chose qui m’arrive et le jugement que je porte sur cette chose. En l’occurrence, ce qui me trouble, ce ne sont pas les jugements que les autres portent sur moi, mais le jugement que je porte sur ce jugement de l’autre, à savoir que ce jugement que l’autre porte sur moi serait un mal :

« Souviens-toi que ce qui t’outrage, ce n’est ni celui qui t’injurie ni celui qui te frappe, mais ton jugement qui te fait penser que ces gens t’outragent. Donc quand quelqu’un t’irrite, sache que c’est ton jugement de valeur qui t’irrite. » (Arrien, Manuel d’Épictète, 20)

Supprime ce jugement que tu portes sur la situation et le trouble, l’irritation que ton propre jugement provoque sera supprimé instantanément (cela correspond au travail de factualisation du négatif proposé par les stoïciens et repris par les thérapies cognitives aujourd’hui).

Changer de regard sur le handicap

Affronter le regard de l’autre est une chose, mais comment affronter ou plutôt changer son propre regard sur le handicap ?

Le handicap : un phénomène naturel qui fait partie de la vie

Pour changer son propre regard sur le handicap, écoutons ce que disent les stoïciens sur la maladie et le handicap, et notamment Épictète, qui était lui-même boiteux après que son maître lui eut, dit-on, casser la jambe, lui qui était esclave.

La maladie, le handicap, la vieillesse sont des phénomènes naturels qu’il ne faut pas combattre mais accueillir. Le rapport des stoïciens à la maladie et au handicap se rapproche du rapport à la mort et à tout autre événement majeur de l’existence humaine (la naissance également), à savoir un phénomène naturel qu’il ne s’agit pas de fuir ni d’éviter, mais de replacer dans une perspective beaucoup plus large (celle de la nature humaine et de l’univers dans son ensemble) :

« Tout ce qui arrive est aussi habituel et familier qu’une rose au printemps ou des fruits en été. Il en est de même pour la maladie, la mort, les ragots, les complots, et tout ce qui réjouit ou afflige les insensés. » Marc Aurèle, Pensées, IV, 44

Si nous sommes malades ou handicapés, c’est parce que nous sommes vivants. Accepter d’être vivant, c’est accepter tout ce qui fait partie de la vie, y compris la maladie, y compris le handicap, y compris la mort.

La philosophie nous invite à travailler sur nos représentations et à déconstruire le récit dominant sur la maladie et le handicap, en rappelant l’importance des représentations :

« Ce qui trouble les hommes, ce ne sont pas les faits, mais les opinions les concernant. Par exemple, la mort [ou le handicap] n’est en rien redoutable, mais l’opinion sur la mort [ou le handicap] – à savoir qu’elle est redoutable –, voilà ce qui est redoutable. » Épictète, Manuel, 5

« Quand tu es affligé par une chose extérieure, ce n’est pas cette chose qui te trouble, mais le jugement que tu portes sur elle. Et ce jugement, il dépend de toi de le supprimer immédiatement. Si la cause de ton chagrin est dans une de tes dispositions intérieures, qui t’empêche de corriger ta pensée ? » Marc Aurèle, Pensées, VIII, 47

La source de notre bien-être ou de notre mal-être n’est pas la réalité, mais le récit que nous en faisons. Ce ne sont pas les choses qui nous troublent mais le jugement que l’on porte sur elles, donc la manière dont on se représente ces choses : c’est notre manière d’envisager la mort, la maladie, le handicap, la pauvreté, etc., qui nous font craindre ces choses. Et le travail philosophique va donc porter sur la manière dont on se représente les choses extérieures afin de mieux les vivre :

« La maladie est un empêchement pour le corps, mais pas pour la faculté de choix, si elle ne le veut pas. La claudication est un empêchement pour la jambe, mais pas pour la faculté de choix. Dis également cela pour tout ce qui s’abat sur toi. Tu découvriras en effet que c’est un empêchement pour quelque chose d’autre, mais pas pour toi. » Épictète, Manuel, 9

Pour les stoïciens, la santé comme la maladie ou le handicap ne sont ni un bien ni un mal, mais des indifférents (position radicale soutenue principalement par les stoïciens dans l’Antiquité, mais que récuse Aristote, par exemple). Ce qui importe et relève de notre choix, c’est la manière dont on fait usage de ces « indifférents », c’est notre manière, bonne ou mauvaise, d’être en bonne santé ou d’être malade ou handicapé.

« D’abord, est [indifférent] ce qui ne contribue ni au bonheur ni au malheur, comme c’est le cas pour la richesse, la [bonne] réputation, la santé, la force et les choses semblables. Il est en effet possible d’être heureux sans ces choses, la manière dont on en fait usage rendant heureux ou malheureux. » Diogène Laërce, Vies et doctrines des philosophes illustres, VII, 104

Le handicap : un indifférent à notre usage

Les deux citations suivantes sont deux métaphores utilisées par les stoïciens pour faire comprendre cette idée : la métaphore de l’acteur d’une part, et la métaphore du joueur de dés d’autre part.

« Souviens-toi que tu es un acteur qui joue un rôle dans une pièce qui est telle que la veut le poète dramatique. Un rôle bref, s’il veut que ton rôle soit bref, long, s’il veut qu’il soit long. S’il veut que tu joues le rôle d’un mendiant, veille à jouer ce rôle avec talent : ou un boiteux, ou un magistrat, ou un homme ordinaire. Car ce qui t’appartient, c’est ceci : bien jouer le rôle qui t’a été donné. Mais choisir ce rôle appartient à un autre. » Épictète, Manuel, 17

On ne peut pas vraiment changer de rôle, comme au théâtre, mais on peut plus ou moins bien jouer ce rôle qui nous a été attribué par le metteur en scène. On peut ainsi devenir acteur de sa propre existence, dont certaines caractéristiques nous contraignent, certes, mais qui ne nous empêchent pas de trouver un chemin, une voie/voix qui nous est propre. Ce chemin, cette voie/voix qui nous est propre, c’est la manière dont nous allons vivre ce qui nous arrive. Les circonstances extérieures sont imposées par le Destin ou la Fortune, inutile de vouloir changer ces circonstances (maladie, handicap, mortalité). Ce que nous pouvons changer, toutefois, c’est la manière de vivre ces événements, c’est la manière d’interpréter notre rôle.

Épictète, dans un texte des Entretiens (Épictète, Entretiens, I, 29, 35-45) met en évidence la singularité de chaque acteur dans la manière de jouer ou d’interpréter son rôle : cette singularité se situe, pour Épictète, dans la manière de lire ou de réciter un même texte, dans la diction, dans la voix de l’acteur (pensons à la manière de lire un texte et, plus encore, de jouer une même pièce de théâtre : la manière de jouer peut être très différente d’un acteur à l’autre). De même, chaque individu va affronter les difficultés, les aléas du Destin à sa manière. C’est cela qui dépend de lui. Là est la liberté de l’individu, et non dans le fait que ces difficultés surviennent ou non.

  • Quelles que soient les capacités que j’ai, quelles que soient le rôle que le destin m’a donné de jouer, ce qui dépend de moi, c’est de bien jouer ce rôle, et en jouant ce rôle à la perfection, je peux vivre heureux.
  • Changer de regard sur le handicap en changeant de regard sur ce que signifie une vie réussie, une vie épanouie. Et de ce point de vue, les personnes en situation de handicap sont appelées et en mesure, elles aussi, de vivre une vie épanouie.

Se nourrir du handicap: faire du handicap une force

La faiblesse met l’être humain en face de nombreuses difficultés. La vie est une succession de défis qu’il faut relever. Face à la difficulté, deux solutions s’offrent à nous : laisser tomber ou faire face à la difficulté. Or, pour Alexandre Jollien, faire face à la difficulté permet de se dépasser soi-même, de découvrir des facultés insoupçonnées (comme de faire du vélo, de venir acteur ou un philosophe reconnu), bref, de s’épanouir en tant qu’être humain. C’est en ce sens que l’on peut se nourrir de sa faiblesse. Au lieu de se laisser abattre par son handicap et ses difficultés, on s’en sert pour grandir, pour se développer, jour après jour.

C’est ce changement de perspective que la personne handicapée doit réaliser si elle veut se nourrir de sa faiblesse, et non se laisser détruire par elle.

Pour Alexandre Jollien, il y a deux étapes à suivre, deux étapes indispensables sur le chemin de la réussite :

  1. Prendre conscience de sa faiblesse ou de sa différence. Connaître sa faiblesse est nécessaire si l’on veut en tirer profit, si on veut la dépasser.
  2. Accepter sa faiblesse ou sa différence. Nier sa faiblesse ou sa différence ne la fera pas s’en aller. S’accepter tel que l’on est, dans sa faiblesse ou sa différence, est une étape nécessaire pour aller de l’avant.

Pour les stoïciens, chaque obstacle rencontré est une opportunité de pratiquer et de progresser sur le chemin de la vertu, de sorte que l’obstacle devient le chemin, comme le rappelle à plusieurs reprises Marc Aurèle :

 « Ce qui t’arrive là t’empêche-t-il d’être juste, magnanime, tempérant, sage, prudent, loyal, réservé, libre et caetera, toutes vertus qui, réunies, font que la nature de l’homme possède ce qui lui est propre ? Souviens-toi donc, en définitive, à tout accident qui te porte à l’affliction, de faire usage de ce principe : Ceci n’est pas un malheur, mais le supporter noblement est un bonheur. » Marc Aurèle, Pensées, IV, 49.

« Qu’est-ce qui empêche ton âme, parmi toutes ces épreuves, de conserver son calme, de porter un jugement exact sur ce qui l’entoure et d’être toujours prête à tirer parti de ce qu’elle rencontre en chemin ? » Marc Aurèle, Pensées, VII, 68

Les exemples de Grand Corps Malade, dont le handicap l’a poussé à développer d’autres talents (notamment celui de slameur), ou bien de Karen Duffy, dont les douleurs chroniques l’ont poussé à développer son caractère et à révéler sa vraie nature.

La philosophie peut aider à accepter cet état de fait (la maladie chronique ou le handicap) et à changer de perspective sur cet état de fait pour en faire une force : qu’est-ce que cette maladie peut m’apporter de positif ? En quoi est-ce une opportunité de développer mon caractère ? Voilà ce que propose la philosophie stoïcienne : retourner l’obstacle en faisant de la maladie et du handicap une source de progrès et de transformation.


Crédits: Enabled, not disabled, par NaBHaN.


OpenEdition vous propose de citer ce billet de la manière suivante :
Maël Goarzin (12 décembre 2024). Stoïcisme et handicap: changer de regard sur le handicap. Comment vivre au quotidien? Consulté le 17 mai 2025 à l’adresse https://doi.org/10.58079/12wsx


Vous aimerez aussi...

1 réponse

  1. Aurélien dit :

    Excellent article et sujet intéressant. En effet, le stoïcisme nous invite à oeuvrer pour le bien commun, à cultiver la bienveillance et la justice comme vertus, ainsi que la clémence. Epictète était en effet lui-même porteur d’un handicap puisqu’il était blessé à sa jambe. Et il donnait l’exemple d’un handicapé joyeux, plein de réjouissance et de reconnaissance envers le Dieu, malgré son handicap, son vieil âge, bref, les difficultés qu’il vivait. Le Comte de Shaftesbury, stoïcien plus moderne, avait une maladie chronique grave et le stoïcisme l’a semble-t-il aidé à mieux vivre ses difficultés. Quoiqu’il en soit, qu’on ait un handicap ou non, le stoïcisme aide à mieux vivre, à mieux surmonter les difficultés.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

This site uses Akismet to reduce spam. Learn how your comment data is processed.